7 – QUE DIT LA BIBLE SUR L’AVORTEMENT?

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Journaliste – Chers auditeurs, Radio Amérique Latine n’est pas et ne veut pas jouer sur le sensationnel. Les thèmes que nous abordons dans ces débats doivent être vus comme les droits humains. Aujourd’hui, il s’agit d’un autre thème de droit humain, le droit des femmes, un thème qui devrait rester privé parce qu’il rejoint la partie la plus intime de chaque femme, son corps. Cependant, c’est un sujet de plus en plus public. Nous voulons parler du thème polémique de l’interruption volontaire de grossesse, de l’avortement. Bienvenue de nouveau dans nos studios, apôtre Paul et Marie Madeleine.

Paul – Merci et un salut à toute l’église de Radio Amérique Latine.

Journaliste – Bon, il n’y a là aucune église, mais enfin…

Marie – Pour ma part, je salue toutes les femmes, celles qui nous écoutent et les autres. Un salut à vous, don Pablo.

Paul – Merci, ma chère.

Journaliste – L’avortement : un des sujets les plus controversés de notre temps, un thème qui mobilise des milliers de personnes dans les rues partout dans le monde, pour ou contre. L’avortement : question obligée pour tous les politiques, de droite comme de gauche. Aujourd’hui, nous voulons vous demander à vous, apôtre Paul… Qu’en dites-vous ? Permis ou interdit ?

Paul – Sincèrement, je ne comprends pas bien la raison de votre intérêt pour ce thème.

Journaliste – C’est que cela intéresse beaucoup nos auditeurs de savoir ce que vous avez enseigné sur le sujet, ce que vous avez dit…

Paul – Sur l’avortement ? Moi ? Je n’ai rien dit sur l’avortement… Que pouvais-je dire ? Je ne sais rien à ce sujet… Nous, les hommes nous n’avons pas ces expériences, nous ne tombons pas “enceintes”.

Journaliste – C’est une réponse inattendue chez un homme d’une telle autorité comme vous, apôtre Paul, vous qui faites toujours des listes de péchés et de pécheurs…

Paul – Le péché ?… Là-dessus, ce sont les femmes qui devraient avoir autorité, elles s’y connaissent…

Journaliste – Et vous, Marie Madeleine, toujours proche de Jésus, dites-nous. Avez-vous entendu Jésus-Christ dire quelque chose sur ce sujet si controversé de nos jours ?

Marie – Je ne l’ai jamais entendu parler de cela… Pas un mot. Jésus était un homme et les hommes ne savaient rien à ce sujet et ne s’en mêlaient pas. Que pouvaient-ils dire ?

Journaliste – Eh bien, aujourd’hui, oui, ils s’en mêlent… Il suffit de les entendre au parlement ou dans les campagnes électorales, dans les sermons, dans les cérémonies… Enfin, Paul, vous n’avez jamais abordé ce sujet, jamais fait allusion ?

Paul – Jamais.

Journaliste – Et apparemment, Jésus-Christ non plus.

Marie – Non plus.

Journaliste – Dans un livre de la Bible, dans l’Ancien Testament, il doit bien y avoir un livre qui en parle…

Paul – Je peux vous assurer de manière certaine qu’il n’y a aucune page des Saintes Ecritures qui condamne, interdise ou sanctionne la femme qui décide de mettre fin à sa grossesse.

Journaliste – Comme c’est bizarre… Parce que si l’avortement est le crime le plus abominable, comme le clame haut et fort provida ou anti-droits humains, pourquoi n’y a-t-il aucun livre sacré à y faire allusion ? Comment ont-ils pu négliger un sujet aussi grave ?

Marie – Vous voyez, Jean-Louis, celui qui ne cherche pas ne trouve pas. Même don Pablo est d’accord…

Journaliste – Nous avons un premier appel… Allô ?

Une femme – Dieu me garde et que la Vierge me protège ! Rappelez à ce saint Paul, si tel est le cas, le cinquième commandement qui dit clairement : Tu ne tueras pas.

Journaliste – Que lui répondez-vous, apôtre Paul ?

Paul – Jamais l’avortement n’a été considéré comme un péché ou un crime sous la Loi de Moïse. Je connais parfaitement ce commandement, cette dame n’a pas besoin de me le rappeler…

Journaliste – Magali me fait signe depuis la régie… Oui, Magali ?

Magali – J’ai un message écrit, Jean-Louis… C’est d’un expert en théologie morale, Benjamin Forcano. Il dit ceci : Dites à cette dame que le “Tu ne tueras pas”, le cinquième commandement de la Loi de Moïse n’était pas un commandement universel. La même loi permettait d’ôter la vie de ceux qui n’étaient pas juifs, des homosexuels, de ceux qui étaient considérés comme les ennemis du peuple d’Israël, des femmes adultères… Le commandement ne s’adresse pas du tout aux embryons. Relier le cinquième commandement à l’avortement s’appelle manipuler les textes bibliques.

Journaliste – Un commentaire, Paul ?

Paul – Aucun, ce qui a été dit est bien dit.

Journaliste – Bon, un autre appel, je vous disais bien que cela allait être un débat chaud…

Une femme – Moi, je sais pourquoi la Bible ne dit rien à ce sujet… Parce que, en ces temps-là, il n’y avait pas d’avortement !… C’est une chose actuelle, un problème de jeunesse dévoyée et corrompue, de femmes vicieuses…

Journaliste – Vous répondez, Marie Madeleine ?

Marie – Comment cette femme qui n’a pas vécu à notre époque sait comment nous vivions ? De mon temps, madame, il y avait des avortements, bien sûr que oui. Et on le faisait, savez-vous pourquoi ? Par compassion.

La femme – Voilà cette Madeleine avoue ! Elle le faisait elle-même !

Marie – Oui, nous aidions les femmes… Il y avait beaucoup d’accouchements qui ne se passaient pas bien, il y avait un danger… Combien de femmes tombaient enceintes, alors qu’elles étaient faibles et malades… Ce n’était pas possible de continuer…

La femme – Bon, je raccroche, je n’en peux plus ! Assassins !

Journaliste – Les fondamentalistes, et je suppose que celle qui vient d’appeler en fait partie, sont très agressifs… On ne peut pas débattre… Ils croient détenir la vérité… Ils veulent dicter leur loi à Pierre, à Paul, au pape et même à Dieu au cas où il serait négligent… Bon, continuons… Voyons, Marie Madeleine, expliquez-nous un peu plus les coutumes de votre temps sur les grossesses.

Marie – Bon, dans tous les villages, il y avait des sages-femmes. Elles savaient quand la grossesse arrivait à son terme et quand il fallait l’arrêter…

Journaliste – Et comment faisaient-elles pour arrêter… ?

Marie – Elles utilisaient des herbes : l’absinthe servait beaucoup, le fenouil, mais aussi la rue… Les accoucheuses connaissaient les proportions… Elles savaient comment faire… Et de la même façon qu’elles se recommandaient à Dieu pour que l’accouchement se passe bien, elles savaient s’en remettre à Dieu aussi pour interrompre un mauvais accouchement. Elles priaient beaucoup. Elles demandaient à Dieu de guider leurs mains.

Journaliste – Je reçois un message écrit : Ce que Marie Madeleine est en train de dire me fait beaucoup de bien, moi, j’ai dû avorter, mais qu’elle en dise plus.

Marie – Bonjour à cette sœur… Voyez-vous, à Magdala, il y avait plusieurs accoucheuses comme ça. Il y en avait aussi à Nazareth. La grand-mère de Marie, mère de Jésus, en faisait partie. Beaucoup étaient disciples de Jésus.

Journaliste – Nous avons un autre appel… Allô ?

Un dévot – Des avorteuses qui suivaient Jésus ? Vous dépassez les bornes, là, c’est scandaleux ! Arrêtez-la, saint Paul, faites taire cette femme, bâillonnez-la !

Paul – Je ne peux pas, le journaliste nous a dit que cette émission n’avait pas mission à faire taire les gens…

Marie – Don Pablo, voulez-vous que je dise à ce monsieur ce qui était le plus scandaleux dans tout ça ?

Paul – Allez-y, Marie Madeleine, c’est vous qui connaissez ce sujet.

Marie – Ce qui était vraiment scandaleux, douloureux, c’étaient les grossesses de petites, violées par des hommes sans entrailles.

Journaliste – Des viols… cela arrive de nos jours aussi… Des petites, des toutes jeunes filles enceintes… et obligées à accoucher…

Marie – Aujourd’hui encore ? Moi qui croyais que le monde avait changé en mieux. De mon temps, c’était très fréquent. Les soldats romains violaient les filles des villages de Galilée. Etait-ce juste, nous disions-nous entre femmes, lorsque ça arrivait, que le fruit de cette violence vienne au monde ? Là-dessus oui, Jésus a dit quelque chose.

Journaliste – Et qu’a dit Jésus-Christ de ce délit ?

Marie – Il a dit quelque chose sur ces misérables qui faisaient du mal aux petites filles. Il a dit qu’on devrait leur attacher autour du cou une pierre de moulin et les jeter au fond de la mer. Voilà ce qu’il a dit quand on vint lui dire qu’une petite de Capharnaüm avait été violée par un soldat…

Journaliste – Des paroles fortes…

Marie – C’étaient les paroles de Jésus pour ces hommes-là, ceux d’alors et ceux d’aujourd’hui. Ces brigands étaient ceux qui provoquaient l’avortement, eux les responsables. Nous, nous ne faisions qu’aider les petites…

Journaliste – Un autre appel… Allô ?

Ivone – Je suis Ivone Gebara, théologienne, je parle du Brésil.

Journaliste – Allez-y, Ivone, c’est très important que dans ce débat, des théologiennes comme vous, très connues sur le continent, puissent prendre la parole… Qu’en dites-vous, Ivone ?

Ivone – Moi non, je n’ai rien à dire, je n’ai jamais été dans cette situation. Je veux que vous écoutiez les paroles de Guadalupe Pérez…

Journaliste – Qui est Guadalupe, Ivone ?

Ivone – Ecoutez-la, écoutez-la, c’est tout…

Guadalupe – Je parle en tant que femme et je sais de quoi je parle. La grossesse fait partie de notre vie de femme. Et l’avortement aussi. Les femmes ont toujours avorté. Que cela nous plaise ou non, l’avortement existe. Personne n’est favorable à l’avortement. Aucune femme ne devient enceinte pour avorter. Les femmes avortent quand la grossesse n’est pas désirée. Parce que personne ne peut être soumis à cette cruelle réalité de se voir imposer la maternité.

Journaliste – Merci, Ivone, merci, Guadalupe, pour cette contribution à notre débat… Nous avons un nouveau message du théologien Benjamin Forcano… Magali ?

Magali – Paul l’a dit et Marie Madeleine aussi en rappelant le souvenir de Jésus : les hommes n’accouchent pas. L’heure est venue où la parole autorisée doit être celle des femmes. Quand elles prennent leur décision, Dieu ne les condamnera pas.

Journaliste – Alors… pour la première fois dans notre émission nous avons assisté à un large consensus, à un accord entre nos invités, saint Paul, apôtre et Marie Madeleine, et pourtant, c’était un sujet épineux…

Paul – Il n’y a pas de désaccord sur ce point. Nous, les hommes, nous ne sommes jamais “enceintes”.

Marie – Et nous, les femmes, nous essayons de nous aider entre nous.

Journaliste – Voilà, mes amis auditeurs, que Paul et Marie Madeleine se lèvent et se donnent la main !… Ils s’embrassent ! Sur les réseaux sociaux, nous laisserons la trace de cette image inédite, une photo historique ! A la prochaine, chers amis. Nous sommes sur le web et sur les réseaux sociaux, www.emisoraslatinas.net. Et souvenez-vous que qui se pose des questions réfléchit ; qui n’a que des réponses, obéit. C’était Jean-Louis qui était avec vous.