109 – L’AGNEAU ET LES PAINS AZIMES

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Depuis le dimanche, depuis l’histoire du temple, nous ne nous étions plus présentés dans Jérusalem. Jésus était recherché partout dans la ville, et nous étions tous en grand danger. Notre ami Lazare nous cachait, nous les douze avec les femmes, dans une cave de sa taverne à Béthanie.

Lazare – Comment vit-on dans cette souricière, les gars ?

Jean – Ce n’est pas si mal, Lazare. Que pouvons-nous vouloir de plus ? Nous avons un toit, de la nourriture et des amis avec qui parler.

Lazare – Ouf ! Je peux rester un peu avec vous. Ah ! bon sang ! Qelles extravagances peut bien imaginer cette bande de Galiléens ? Voyons voir, hein, racontez-moi…

Pierre – Ce qu’on est en train de se demander c’est : que diable allons-nous faire demain, Lazare, parce que…

Jacques – Psst ! Ta gueule, Pierre ! Si tu continues à crier comme ça, je sais ce que nous allons faire, c’est de jouer aux dés dans les cachots !

Pierre – Bon, alors, je le dis tout bas. Qu’est-ce qu’on va faire demain ?

Jean – Eh bien, nous allons manger la Pâque comme tout bon Israélite. Nous fêterons la fête en cachette, dans une grotte s’il le faut, mais nous la fêterons, sacrebleu !

María – Demain, le repas de la Pâque… Que les jours passent vite, n’est-ce pas, jeunes hommes ?

Madeleine – Vous avez raison, doña María.

Pierre – Ecoutez, camarades, si on ne s’y prend pas à temps, on va rester sans agneau. Nos compatriotes sont les premiers à acheter et ils prennent les plus gros, après, on arrive et on ne te vend plus que de vieux moutons squelettiques.

Il commençait à faire noir mais nous n’allumions aucune lampe pour ne pas attirer l’attention. C’était mercredi, 12 de Nisan. Le lendemain, nous, les Galiléens, venus à Jérusalem pour la fête, nous allions prendre le grand repas du soir, le repas de la Pâque.

Lazare – Mes chers amis, excusez-moi d’être un rabat-joie mais je pense que vous ne devriez pas fêter le souper ici.

Jacques – Je suis d’accord avec Lazare. Cette taverne est chaque jour plus dangereuse. Béthanie est remplie de pèlerins. Et quand il y a beaucoup de monde, il y a beaucoup de langues.

Lazare – Avec ou sans mouchard, tôt ou tard, ils vont venir ici à la recherche de Jésus. La nuit de Pâque est une bonne opportunité pour ces gens-là. Ils savent qu’ils peuvent trouver toute la couvée dans le nid. Si vous voulez un conseil, allez ailleurs. Je suis navré pour Marthe et Marie, qui auraient tant voulu vous préparer l’agneau, mais non, je vous le dis, ce n’est plus un lieu sûr pour demain jeudi.

Suzanne – Bon, mais si ce n’est pas ici, où diable pouvons-nous aller nous fourrer, hein ?

Pierre – Moi, j’ai une idée !

Jean – Chut ! Ne crie pas si fort, Pierre !

Jacques – A quoi penses-tu, la Fronde ?

Pierre – Je vais parler à mon ami Marc. Lui va nous prêter sa maison. Elle n’est pas très grande mais on peut tous y aller.

Jean – Mais, c’est une folie, Gros-Pif. La maison de Marc est tout près du palais de Caïphe.

Pierre – Justement, Jean. Qui va penser que nous sommes là si près ? C’est le dernier endroit où ils penseront nous chercher.

Jacques – C’est vrai. En plus, si vendredi, nous nous rassemblons tous devant le palais de Caïphe, nous pourrons tâter le terrain et en parler aux voisins.

Suzanne – Mais, vous n’apprenez décidément rien ! Ou alors, vous avez le cerveau ramolli. Vous croyez faire le même vacarme que l’autre dimanche ?

Jésus – Bien sûr, Suzanne. Vendredi, nous irons où se trouve Caïphe et puis chez tous les grands de Jérusalem et nous leur dirons ce qu’il faut leur dire. Maintenant que nous avons commencé, nous ne pouvons plus reculer.

Jean – Oui, Jésus, mais un truc comme celui de dimanche, on ne peut pas le recommencer. Tu joues ta tête, Brunet.

Jésus – Nous la jouons tous, Jean. Mais il faut poursuivre. Qui ne risque rien ne perd rien mais ne gagne pas non plus.

Lazare – En avant, oui, Jésus, mais il faut entrer et sortir avec beaucoup de précaution, comme la couleuvre. Il faut user de beaucoup d’astuces.

María – Ah ! Mon fils, grand Dieu, tu crois que ça va mal tourner ? Quand je vous entends parler comme ça, j’ai le cœur qui bat.

Jésus – N’aie pas peur, maman. Tu vas voir, tout va bien se passer. Dieu va être de notre bord. Dieu ne va pas nous manquer, j’en suis sûr. Le gardien d’Israël ne dort pas, il nous gardera de tout mal.

Pierre – Bon, c’est dit, on le fera. Demain, avant l’aube, Jean et moi, nous irons parler à Marc et on achètera l’agneau. Les femmes vont se lever de bonne heure aussi pour préparer le repas.

Lazare – Et pour ceux qui resteront ici, faites les morts ! Bouche fermée jusqu’à l’heure du repas !

Le soleil de ce jeudi-là commençait à dorer les remparts de Jérusalem quand, Pierre et moi, nous arrivâmes au temple. Malgré l’heure, il y avait des centaines de personnes sur la grande esplanade de mosaïques blanches et nous dûmes nous ouvrir un passage en jouant des coudes.

Jean – Allez, la Fronde, toi qui t’y connais mieux en bétail, choisis l’agneau.

Pierre – Eh bien, celui-là, Jean ! Ça me semble un bon choix. Allez, toi, compatriote !

La compatriote – Qu’est-ce qu’il y a ?

Pierre – Mon amie, combien tu demandes pour ce petit animal ?

La vendeuse – Quatorze deniers et il est à toi !

Pierre – Quatorze quoi ? Dis donc, avec tout cet argent, j’achète tout le troupeau ! Non, non, non, tiens voilà six deniers et n’en parlons plus !

La vendeuse – Six deniers ? Jamais de la vie ! Donne-moi douze deniers et c’est bon !

Pierre – Mais, qu’est-ce que tu racontes ? Je n’en donnerai pas plus de sept !

La vendeuse – Dis-donc, Gros Pif, parce que c’est toi, disons neuf, ça va ?

Nous achetâmes enfin notre agneau. Un agneau d’un an, un mâle, sans aucun défaut, comme le demandait la loi de Moïse. L’agneau sur nos épaules, nous grimpâmes les marches de marbre et traversâmes la Belle Porte et nous nous frayâmes un chemin jusqu’à la cour des Israélites. Des centaines de Galiléens s’agglutinaient là, attendant leur tour. Près de la pierre des holocaustes, les prêtres, la tunique imbibée de sang, égorgeaient l’un après l’autre les agneaux que le peuple leur présentait comme sacrifice de Pâque.

Pierre – Ne pousse pas, l’ami, les couteaux ne vont pas perdre leur fil !

Un vieillard – Ecoute, Galiléen, tu ne fais pas partie de ceux qui étaient dimanche avec le prophète de Nazareth ?

Pierre – Moi, bon, moi à vrai dire…

Le vieillard – Oui, toi. Et toi aussi. J’ai la mémoire des têtes, moi. N’aie pas peur, tu peux me faire confiance. J’en ai eu la voix tout enrouée à force de crier hosanna dans le temple avec vous. Ça a été le plus grand jour de ma vie, oui monsieur ! Bon, si vous voyez le prophète, vous lui dites de ma part que, dans mon quartier, on attend tous la prochaine. Si, dimanche, nous étions mille, la prochaine fois, nous serons cent mille. Ah ! Bon sang ! Qui m’aurait dit qu’avant de mourir, je verrais la barbe du Messie !

Ce jeudi matin, pendant que, Pierre et moi, nous achetions notre agneau, les femmes allèrent là où vivait Marc, dans le quartier de Sion, pour préparer le repas du soir. La maison de Marc avait deux étages. A l’étage du dessus, dans une petite salle aux murs blanchis à la chaux, au plancher de bois, nous allions célébrer le repas de la Pâque.

Suzanne – Toi, Madeleine, balaie bien la maison ! Pousse ton balai dans tous les coins, ma fille. Tu sais, il est demandé de ne pas laisser la moindre petite poussière nulle part.

Madeleine – Ouf ! Je me dis que tant de coups de balai ne peuvent venir que de Moïse parce que ce n’était pas lui qui maniait le balai mais sa femme, ça c’est sûr.

Suzanne – María, c’est bon pour la pâte, non ?

María – Je crois qu’elle est encore un peu épaisse, Suzanne. Ajoute un peu d’eau parce que, après, sans levure, le pain est trop dur.

Suzanne – Il ne sera jamais plus dur que la tête de ton fils, María. Je n’arrête pas de me dire : mais, comment est-ce possible que ce Brunet que j’ai vu naître soit… soit… le Messie, comme les gens criaient dimanche ? Est-ce que tout le monde ici est devenu fou, María ? Qu’est-ce que tu en penses ?

María – Je ne sais pas, Suzanne, je ne sais pas qu’en penser. Mais, écoute, on pouvait tout aussi penser que notre peuple était devenu fou là-bas en Egypte, du temps de Moïse. Et la folie, c’était qu’ils voulaient être libres.

Suzanne – Là oui, tu as raison. Quand les gens cherchent la liberté, c’est que Dieu est là. Ah ! Ma pauvre, je crois que ce qui commence à me manquer, c’est la foi, la foi, grand Dieu !

María, la mère de Jésus, et Suzanne, accroupies par terre, pétrissaient la farine des pains azymes avec l’eau. Selon la tradition de nos ancêtres, les pains, que nous devions manger au repas pascal, se préparaient sans levure, en souvenir du pain que les femmes d’Israël avaient pétri à la hâte, sans pouvoir attendre sa fermentation, la nuit de la sortie d’Egypte.

Pierre – Dites-donc, les femmes, voici le roi de la fête !

Marie – Ne fais pas tant de bruit, Pierre ! Personne ne doit savoir que nous sommes là !

Pierre – Bon, bon, c’est qu’on vient de toute cette criaillerie de la rue et j’avais oublié. Regardez, hein ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Bon prix et de la bonne viande.

Suzanne – Madeleine, ma fille, quand tu auras fini de balayer, tu pourras aider Salomé à laver cet agneau.

Pierre – Ne va pas enlever les viscères, Marie, aujourd’hui, on doit tout manger, même le bout des pattes !

Ma mère et la Madeleine commencèrent à préparer l’agneau. Dans la nuit de Pâque, on rôtissait tout au feu, sans casser un seul os. Il fallait le manger complètement, entrailles comprises. Ce qui restait n’était pas conservé pour le lendemain, il fallait le brûler au petit matin.

Suzanne – Vous n’avez pas oublié d’apporter le sang pour les portes, hein, Pierre ?

Pierre – Le voilà. Allez, Jean, aide-moi, puis nous retournerons à Béthanie. J’ai hâte de voir Jésus pour tout lui raconter.

Madeleine – Raconte-le-nous d’abord, sapristi.

María – Que se passe-t-il dans la ville, Pierre ?

Pierre – Ce qui se passe ? On ne parle que de ton fils, María. Tout le monde se demande où diable il peut bien être fourré. Dès qu’il va pointer le bout de son nez, tout Jérusalem sera à ses pieds, comme un seul homme.

Jean – On dit qu’hier, il y avait des crieurs publics à tous les coins de rue pour vérifier si un mouchard allait se présenter. Mais, tu parles, il n’y a pas de soucis de ce côté-là.

Suzanne – Bon, assez bavardé, et au travail. Allez, Pierre, les portes !

A la fête de la Pâque, on peignait les battants et le linteau des portes des maisons avec le sang de l’agneau qu’on avait sacrifié, comme nos pères l’avaient fait en Egypte. C’était le sang de l’alliance que Yahvé, notre Dieu, avait scellée avec son peuple, quand il passa, cette nuit-là, de l’esclavage à la liberté.

Madeleine – Ouf ! Voyons, quel goût ça a ! Il faut un peu plus d’oignon… C’est très bon ! L’agneau va aller avec cette sauce comme la pluie au printemps. A vrai dire, cette salade pourrait bien ôter le hoquet à celui qui l’aurait !

Ce jeudi après-midi-là, la maison de Marc sentait le pain fraîchement cuit et l’agneau rôti. La Madeleine avait préparé les herbes qui, selon la tradition, devaient être mangées cette nuit-là. C’était une salade amère en souvenir des larmes et des souffrances endurées par nos pères en Egypte. La mère de Jésus et Suzanne firent la sauce piquante dans laquelle on devait tremper le pain. Une sauce rouge, de la même couleur que les briques que les Israélites avaient fabriquées en terres égyptiennes durant leur esclavage chez pharaon.

Marc – Bon, voyons voir ce qu’ont fait ces femmes pendant tant de temps ensemble, en dehors du bavardage !

Suzanne – Tout est prêt, Marc !

Marc – Oui, oui, tout est prêt, même les gardes sont prêts. Ah ! Nom d’un chien, comment ai-je pu me laisser convaincre par ce Gros-Pif de Pierre ? Voilà toute cette bande d’agitateurs réunie chez moi ! Bon, vous, priez l’archange Michel de nous prêter son épée quand ils viendront nous faire prisonniers tous que nous sommes. Ah ! Ah ! Ah !

María – Psst ! Marc, ne dis pas de bêtises comme ça ! Je me demande quand les autres vont arriver ! Ils devraient déjà être là !

Suzanne – Ils doivent attendre un peu qu’il fasse noir. Ils doivent faire attention. Les portes de la ville sont très surveillées.

Marc – Bon, bon, vous n’auriez pas oublié quelque chose ? Le plus important ?

Madeleine – Le plus important ? Mais, tu n’as donc pas de nez ? L’agneau est prêt dans un instant !

Marc – Cette nuit si importante, c’est l’agneau et le vin. Je parie que vous avez oublié !

Madeleine – Le vin ! Ah ! C’est vrai ! Nous n’avons pas de vin ! Et maintenant, on va en acheter où ?

Marc – Du calme, mon amie, du calme. J’ai, en bas, une jarre grande comme ça, pleine à ras bord ! Nous pouvons nous enivrer tous et il y en aura encore pour trinquer au prophète Elie quand il viendra ! Cette nuit, il faudra lever les verres bien hauts et trinquer pour la libération de notre peuple !

Suzanne – Lever les verres et baisser le ton, Marc. Sapristi, tu es terrible, mon garçon, tu nous fais un tel tapage !

Malgré la peur et le danger, cet après-midi-là, nous étions tous heureux, prêts à célébrer la plus grande fête de l’année. Nous espérions contre toute espérance que Dieu nous donne un coup de main et que cette Pâque vienne rompre les chaînes qui nous maintenaient esclaves, nous, son peuple.

Matthieu 26,17-19; Marc 14,12-16; Luc 22,7-13.

Commentaires :

La fête de Pâque était la plus solennelle des fêtes d’Israël. On la célèbrait le premier mois de l’année juive, le mois de Nisan, correspondant à une fête située entre la mi-mars et la mi-avril. La fête durait sept jours mais on considérait le jour de Pâque le 14-15 de Nisan, quand on mangeait le souper pascal. Les indications pour célébrer la fête se transmirent de génération en génération et étaient fixées dans le libre de l’Exode (12, 1-28). Depuis plusieurs siècles avant Jésus, la fête de Pâque avait fusionnée avec celle des pains azymes (Exode 13, 3-10). A l’origine, avant Moïse, la Pâque était une fête de pasteurs où l’on mangeait l’agneau, et celle des pains azymes, une fête d’agriculteurs, où l’on mangeait le pain de la nouvelle récolte. Après Moïse, les deux fêtes furent mises en lien avec la libération du peuple en esclavage en Egypte. Et c’est ce qu’Israël fêta durant des siècles jusqu’à Jésus. La Pâque était la fête de l’indépendance nationale. Une célébration patriotique et religieuse.

Le centre de la fête de Pâque était la Cène. Et au centre de la Cène se trouvait l’agneau. Au temps de Jésus, l’agneau était généralement acheté sur les parvis du temple et sacrifié sur place. Les prêtres, pieds nus et revêtus des vêtements propres au culte, égorgeaient devant l’autel, l’un après l’autre, les agneaux que les Israélites hommes amenaient jusqu’au parvis. Une fois le sans répandu sur l’autel, comme sacrifice agréable à Dieu, on rendait les victimes à leurs maîtres qui les rapportaient chez eux ou les mettaient dans des fours collectifs de la rue pour les rôtir.

Comme le livre des Actes des Apôtres dit que les premières communautés chrétiennes se réunissaient pour prier chez Marc, une ancienne tradition fixa là le lieu où Jésus aurait célébré la Cène pascale la veille de sa mort. Comme il a été impossible de localiser ce lieu dans la Jérusalem actuelle, une autre tradition plus récente a situé le “cénacle” dans une grande sale d’un second étage d’un temple élevé sur le mont Sion, au sud-ouest de la ville. Dans les sous-sols de cet édifice, les Juifs vénèrent la tombe du roi David. Aucun des deux lieux n’a vraiment été authentifié comme historique.

Le pain qui était mangé durant les sept jours de la fête de Pâque devait être pétri sans levure. C’étaient les “massot” ou pains azymes. Il était aussi prescrit de balayer tous les coins de la maison pour qu’il ne reste aucune poussière de levure. La mentalité primitive voyait dans ce processus de fermentation du pain un symbole de décomposition et de mort. C’est pourquoi on avait l’habitude de manger des pains “purs” durant la fête. Les pains azymes avaient la forme de grosses tartes. Ils rappelaient les pains que les Israélites avaient emportés d’Egypte dans leur fuite, sans avoir eu le temps d’attendre que la pâte lève et fermente.

Dans la nuit de la Cène de Pâque, quelques Israélites conservaient la vieille coutume de mettre du sang de l’agneau sacrifié sur les portes du lieu où ils se réunissaient pour le repas. Dans la nuit où Israël était sorti d’Egypte, le sang sur les linteaux de porte était le signal pour ne pas confondre leur maison avec celle des oppresseurs, pour que Dieu libère ceux-là et punissent les autres (Exode 12, 2-13).

Dans les jours de Pâque, les marchés de Jérusalem débordaient de produits typiques du repas central de la fête. La verdure prescrite comme salade était la laitue. Mais on pouvait aussi mettre de la chicorée, du cresson, des chardons ou autres herbes amères. L’amertume était un souvenir des douleurs et des larmes que le peuple avait endurées pendant leur esclavage en Egypte.

La sauce ou marmelade rituelle de la cène pascale s’appelait “haroset”. Elle était faite avec plusieurs fruits : des figues, des dattes, des raisins, des pommes, des amandes, plusieurs condiments : la cannelle, surtout et du vinaigre. Cela servait d’apéritif, on la mettait sur du pain. Sa consistance et sa couleur rappelaient aux Israélites l’argile avec laquelle leurs ancêtres esclaves en Egypte avaient fait les briques pour les constructions des pharaons.

Les Juifs continuent à célébrer tous les ans, jusqu’à aujourd’hui, la fête de Pâque comme un rite assez similaire à ce que Jésus a connu, avec le repas, les prières et les chants. Pâque, en hébreu “pésaj” veut dire “passage”. Yahvé était passé en Egypte dans la nuit de la libération du peuple. Il avait évité les lieux hébreux marqués du sang et avait puni les Egyptiens et le peuple libéré avait pu passer les eaux de la mer Rouge, couleur du sang, pour arriver dans une terre nouvelle.