86 – LE SANG DES GALILEENS

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Cet hiver-là, Jérusalem se revêtit de blanc avec de la neige sur les remparts et sur le toit des maisons. C’était le mois de Kislev, quand notre peuple commémore dans la joie, les lampes allumées, la Dédicace du Temple et la purification de l’autel. Jésus et quelques groupes, nous montâmes à la capitale durant la fête. Et, comme toujours, nous logeâmes dans le petit village voisin de Béthanie, dans la maison de notre ami Lazare.

Lazare – Cela s’est passé comme je vous le dis, mes amis. Cela s’est passé tout juste hier, avant que vous n’arriviez. C’étaient deux garçons galiléens. Ils étaient au Temple, à offrir une brebis en sacrifice. Alors les soldats romains sont entrés, et les ont attrapés sur le lieu même, et hop, les ont embarqués pour la Tour Antonia.

Marthe – Ils logeaient ici avec nous, les pauvres. Ils ont encore leurs vêtements et leurs affaires dans la cour.

Lazare – Un des deux est le fils d’un certain Ruben, de Bethsaïde. L’autre de Nino, à ce qu’on dit. Sa mère est de Corozaïn.

Jésus – Et qu’est-ce qu’ils vont en faire, Lazare ?

Lazare – Va savoir, Jésus ! La vie des prisonniers ne tient qu’à un fil comme l’araignée. Elle dépend du caprice de Ponce Pilate. Vous voyez, cette grande fripouille n’a respecté ni le Temple ni le sacrifice qu’ils étaient en train de faire.

Judas – L’histoire se répète. Les Romains se moquent de nous maintenant comme les Grecs autrefois.

Pendant la domination grecque, du temps du cruel Antiochus Epiphane, deux cents ans plus tôt, les étrangers avaient saccagé le Temple de Jérusalem et profané l’autel des sacrifices. Après les premières victoires des frères Maccabées, nos ancêtres firent de grandes cérémonies d’expiation. Et, depuis, tous les ans, à l’arrivée de l’hiver, nous célébrions cette fête de la Dédicace.

Marie – Hé ! Lazare, Marthe !

Lazare – Que se passe-t-il Marie ? Une nouvelle ?

Marie – Oui, Saul, le boiteux m’a dit qu’on allait juger les deux jeunes Galiléens à la Tour Antonia. Pilate va les faire sortir sur le dallage devant tout le monde.

Judas – Ce sera quand, Marie ?

Marie – Tout de suite, ce matin, Judas. Si on se presse, on peut arriver à temps.

Lazare – Compagnons, allons-y !

Lazare, ses deux sœurs et nous, nous sortîmes ensemble de l’auberge. En quelques minutes, nous arrivâmes à Bethphagé, nous montâmes la pente du Mont des Oliviers, nous traversâmes le torrent du Cédron, tout glissant à cause de la neige qui était tombée, et nous entrâmes dans la ville de Jérusalem. Beaucoup de gens s’entassaient dans les rues. Peu à peu, à force de jouer des coudes, nous nous ouvrîmes un passage jusqu’en face de la Tour Antonia. Dans les créneaux, flottaient les drapeaux jaunes et noirs de Rome. Sur le perron, un gigantesque aigle de bronze nous rappelait que notre patrie était sous la domination d’une nation étrangère.

Un homme – Voilà le jugement ! Vite, le gouverneur est en train de sortir !

A la base de la Tour il y avait une petite cour dallée où Ponce Pilate, le gouverneur romain, jugeait publiquement les prisonniers et prononçait les sentences.

Pilate – Vous ne comprendrez donc jamais la leçon ? Comment voulez-vous que je vous le dise ? Les réunions clandestines sont interdites !

Une femme – Mon fils ne faisait rien, gouverneur, mon fils ne participait à aucune réunion !

Pilate – Ton fils et son ami était en train de conspirer contre Rome. Et les conspirateurs, je les écrase comme des punaises !

M’avez-vous bien entendu, tous ? Comme des punaises et des poux !

Ponce Pilate, le gouverneur de Jérusalem et de toute la région sud de notre pays, était un homme grand et robuste. Il portait une toge de lin blanc et des sandales tressées. Il avait les cheveux coiffés à la romaine et à la bouche une éternelle grimace de mépris envers nous, les Juifs.

Une femme – Gouverneur, mon fils est innocent ! Il était au Temple !

Un homme – Et le Temple est un lieu sacré !

Pilate – Le Temple est une souricière et mes soldats sont chargés de faire sortir les souris qui veulent se cacher dans ce trou.

Une femme – Gouverneur, ils n’étaient pas en train de conspirer ! Ils étaient en train d’offrir un sacrifice, versant le sang d’une brebis sur l’autel de Dieu !

Pilate – Ah oui ? C’est ce qu’ils faisaient ? Eh bien le sang de ton fils et celui de l’autre Galiléen vont vite se mélanger à celui de cette brebis… ! Soldats, amenez-moi ces deux rebelles, tout de suite !

Un soldat – Bien, Gouverneur.

Il y eut un silence dense pendant que les gardes romains sortaient de la Cour du Dallage et se dirigeaient vers les fosses de la Tour Antonia où les prisonniers attendaient leur sentence. Peu de temps après, ils revinrent poussant de leur lance les deux jeunes Galiléens attrapés la veille à l’intérieur du Temple. Le premier était brun. Il avait les cheveux en désordre et la tunique en lambeaux. L’autre, plus petit, se cachait le visage entre ses mains attachées. Il tremblait comme s’il avait eu la fièvre et on pouvait voir son dos déchiré par les coups de fouet.

Une femme – Aie un peu de pitié, Ponce Pilate, pardonne-leur ! Est-ce que tu n’as pas d’entrailles ? Est-ce qu’une femme en pleurs ne te fait rien ? Pardonne à mon fils, pardonne-lui !

Un homme – Clémence aussi pour l’autre garçon !

Pilate – Il n’y a pas de pardon pour les rebelles ! Rome est un aigle et rien n’échappe à ses griffes. Et vous, Juifs têtus, quand vous retournerez chez vous après la fête, racontez aux autres, ce que vous allez voir de vos propres yeux.

Ponce Pilate nous regarda tous d’un air moqueur et leva la main baguée pour donner l’ordre fatal…

Pilate – Egorgez-les !

Deux soldats de la garde du gouverneur se saisirent des jeunes Galiléens et les firent tomber sur le dallage humide. Deux autres s’approchèrent, dégainèrent leur épée. D’un coup ils firent rouler les têtes encore imberbes des garçons. Un cri d’épouvante sortit de toutes nos bouches. La mère de l’une des deux victimes criait comme une folle et le peloton de soldats dut se resserrer pour contenir l’avalanche de la foule. Mais Ponce Pilate restait indifférent.

Pilate – Apportez-moi une mesure de sang.

Alors, un soldat prit un vase, l’approcha du corps des victimes et le remplit du sang qui sortait à gros bouillon du cou tranché. Puis il le remit au gouverneur romain qui attendait debout.

Pilate – Ce sera mon sacrifice. Je vais verser le sang de ces deux têtus sur l’autel de ce Dieu plus têtu encore que vous, les Juifs. Ecoutez bien, bandes de rebelles : le seul dieu qui a du pouvoir est assis à Rome. L’empereur Tibère est l’unique et vrai dieu. Il règne sur vous tous et mêle le sang des enfants d’Israël au sang des brebis et des chiens. Vive César !

Un homme – Maudit sois-tu, Pilate ! Qu’un jour ce sang retombe sur ta tête !

La perplexité fut très grande. Beaucoup, nous nous bouchions les yeux, horrifiés, pendant que le gouverneur, fortement gardé, traversa le couloir qui reliait la forteresse romaine au Temple. Pilate se présenta sans aucun respect devant l’autel des holocaustes et y versa, au milieu des rires des soldats, le sang encore chaud des deux jeunes Galiléens.

Un homme – Profanation ! Ponce Pilate a profané l’autel ! Déchirez vos vêtements, mes frères !

Une femme – Le gouverneur se moque de nous ! Il n’y a pas longtemps il a mis les insignes de César sur les parvis du Temple ! Et maintenant cela !

Un vieillard – Si les Maccabées étaient encore en vie, ils empoigneraient encore l’épée de la vengeance !

Un homme – Vengeance, oui, vengeance ! Je jure que mon peuple aura sa vengeance !

A partir ce jour, se multiplièrent, à Jérusalem, les protestations, les troubles populaires et les assassinats. Un groupe de Zélotes essaya de faire un tunnel jusqu’à la tour de Siloé, un petit arsenal près de la fontaine des eaux d’Ezéchias, où les Romains conservaient des épées et des bâtons. Mais les fondations de la tour étaient pourries et la construction s’écroula de manière inattendue. Dans l’écroulement moururent plusieurs familles de Galiléens qui avaient leurs cabanes près de la tour.

Lazare – La situation n’est pas bonne du tout, Jésus.

Jésus – Cela pourrait être pire, Lazare. On dit que Pilate va augmenter la surveillance.

Judas – Alors, c’est sûr que les prisonniers et les crucifiés vont augmenter aussi.

Marie – Mais, s’ils le savent pourquoi continuent-ils à se mettre dans ces histoires, hein, pourquoi ?

Judas – Parce qu’on n’en peut plus, Marie. On n’a pas le droit de nous fouler aux pieds comme le font ces maudits étrangers.

Marie – Mais, Judas, on n’a pas le droit de faire tomber une tour sur la tête de ces dix-huit innocents, bon sang de bon sang ! Qu’on aille rompre les os de Pilate, si on veut et si on peut, mais, qu’y gagne-t-on ? Tous ces pauvres malheureux sont morts, eux qui n’étaient coupables de rien…

Lazare – Ils le font pour provoquer Pilate.

Marie – Oui, et Pilate continue à tuer pour les provoquer eux. Voilà, on ne peut même plus se promener dans la ville tellement on a peur de se faire planter un couteau à n’importe quel coin de rue. Non, non, non et non je ne veux rien savoir ni des uns ni des autres.

Jésus – C’est vrai, Marie a raison. Pilate est un sanguinaire. Et quelques-uns de ceux qui luttent contre lui deviennent des sanguinaires tout comme lui. Mais, qui leur a appris cela ? Qui a lancé la pierre de la violence ? Voilà le vrai sujet, non ? Ceux d’en haut ont semé le vent, ceux qui récoltent la tempête sont ceux d’en bas. Et si ça continue comme ça, si nous ne changeons pas, nous périrons tous noyés dans un déluge de sang.

La fête de cet hiver devint très amère à cause des crimes, de la peur et de la surveillance romaine. C’est durant cette semaine de la Dédicace qu’un groupe de Juifs entoura Jésus sous les arches du Portique de Salomon.

Un homme – Eh toi, Nazaréen, qu’en dis-tu ? Jusques-à quand vas-tu nous tenir en éveil, bon sang ?

Une femme – Si tu es le Messie que nous attendons, dis-le clairement et ne perdons pas de temps !

Un vieillard – Il nous faut un type qui a du cran et qui prenne la tête de notre peuple !

Tous – Oui, c’est vrai, c’est vrai.

Jésus – Non, mon ami, non. Ce qu’il nous faut c’est un peuple qui apprenne à faire face tout seul ! Quand l’enfant est petit, la mère lui donne la main pour qu’il ne trébuche pas. L’enfant grandit et devient homme, il doit alors cheminer tout seul.

Judas – De quel enfant parles-tu, Jésus ?

Jésus – De nous-mêmes. Il est temps de nous redresser et de lever la tête. La libération est entre nos mains ! Nous ne devons pas attendre quelqu’un ! Le Messie est là, parmi nous. Là où deux ou trois luttent pour la justice, c’est là que lutte le Messie ! Oui, Dieu a soufflé sur les os desséchés, les os se sont rejoints, le peuple a repris vie et s’est mis debout ! Le Messie est comme un grand corps ! Dans un corps il y a la tête, les mains et les pieds. Mais tous les membres ont le même esprit et tous sont nécessaires. Et à nous tous nous devons rompre le joug qui nous opprime et lever ensemble le bâton de commandement ! A nous tous, il nous faut construire une nouvelle Jérusalem et écrire un nom nouveau sur ses remparts : Maison de Dieu, Ville des Femmes et des Hommes libres ! Là, il n’y aura plus de violence, ni la violence du loup qui tue la brebis, ni la violence de la brebis qui se défend du loup ! Nous transformerons les épées en bêches et les grilles des prisons en socle de charrue !

Un homme – Bien parlé ! Vive le Messie de Dieu !

Tous – Vive le Messie, vive le Messie !

Un soldat – Et vous, Galiléens, disparaissez ! Vous ne savez pas que c’est interdit de se réunir ? Allez, allez, fichez le camp d’ici si vous ne voulez pas vous réveillez la tête tranchée comme les deux autres !

Les soldats romains essayèrent de se saisir de Jésus, mais nous réussîmes, à nous tous, à le cacher. Nous nous dispersâmes au milieu des gens qui remplissaient le Portique de Salomon. Et ce jour même nous entreprîmes un voyage vers Jéricho parce que la situation à Jérusalem devenait de plus en plus difficile.

Luc 13,1-5; Jean 10,22-40.

Commentaires :

1. Le calendrier juif avait ses mois ordonné selon le cycle lunaire. C’est pourquoi l’année n’avait que 354 jours et il fallait le corriger continuellement, car les saisons et les pluies sont reliées au cycle solaire. Un dicton de l’époque de Jésus disait : “Comme le blé n’est pas encore mûr, il va falloir, cette année, ajouter un autre mois.” Parce qu’ils avaient besoin d’un calendrier plus exact, les agriculteurs se fiaient aux étoiles pour calculer les saisons et planifier la semence et la récolte.

2. La fête de la Dédicace du temple tombait en décembre et durait huit jours. Cette fête rappelait la consécration du temple, du temps du roi Salomon. Le temple avait été restauré à l’époque des Macchabées, quelques 160 ans avant Jésus. Au temps de Jésus, le peuple d’Israël commémorait durant cette fête la victoire des Macchabées, des guérilleros nationalistes, sur les Grecs séleucides qui avaient envahi le pays ; il commémorait aussi la purification du temple et la construction d’un nouvel autel après les profanations qui avaient eu lieu dans le temple du temps du roi séleucide, Antiochus Epiphane. On célébrait aussi la fête de la lumière, en se souvenant que lors de la dédicace, on avait à nouveau allumer le saint candélabre à sept branches. A Jérusalem, pour cette fête, on allumait à nouveau les torches qui avaient été utilisées lors de la fête des Tentes. C’est pourquoi, la Dédicace s’appelait de manière populaire, la fête des Tentes d’hiver. Les célébrations avaient un goût messianique comme celles des récoltes. Actuellement, les Juifs allument solennellement, à cette occasion, la “hanuka”, candélabre à sept branches, une bougie chaque jour.

3. Rome avait pouvoir sur ses colonies à travers les fonctionnaires envoyés pour représenter César dans les provinces de l’empire. Les provinces romaines étaient de trois classe : les sénatoriales (gouvernées par des proconsuls romains, qui changeaient tous les ans), les impériales (qui avaient à leur tête des gouverneurs, des légats ou procurateurs, toujours romains) et d’autres territoires gouvernés par des gens du lieu, qui servaient les intérêts économiques et politiques de l’empire, et c’était le cas de la Galilée, gouvernée par Hérode. La Judée, avec sa capitale, Jérusalem, fut une province impériale de façon définitive dès l’année 6 après Jésus-Christ. Elle avait à sa tête un gouverneur, les troupes romaines l’occupaient militairement et l’administration était aux mains de fonctionnaires romains.

4. Ponce Pilate a été gouverneur romain de Judée de l’an 26 à l’an 36. Les gouverneurs romains commandaient dans les provinces impériales. Pouvaient occuper la charge de gouverneur les sénateurs au titre de légat ou non sénateur avec le titre de préfet, ce qui fut le cas de Pilate. Dans sa province, le gouverneur pouvait arrêter, torturer et exécuter selon les lois romaines, mais jamais des citoyens romains. Pilate vivait habituellement dans la ville côtière de Césarée, résidence officielle des gouverneurs, et déménageait avec ses troupes spéciales à Jérusalem pour les fêtes, car c’étaient des jours propices aux troubles et mobilisations populaires. Les membres de la classe sacerdotale de Jérusalem, les plus hautes autorités politiques et religieuses d’Israël, étaient de connivence avec le pouvoir impérial romain représenté par Ponce Pilate.

La réalité historique qu’on se fait de Pilate ne correspond pas tout à fait à l’image qu’on s’en fait. On le croit intellectuel, de haute stature humaine même s’il est un peu peureux. Tous les faits historiques de ce temps-là, Philon, Flavius Joseph et Tacite, tant les Juifs que les Romains, confirment la cruauté de Pilate, honni par les Israélites pour ses continuelles provocations. Il était arrivé à cette haute charge à cause de son étroite amitié avec Séjan, militaire préféré de l’empereur Tibère et un des personnages les plus influents à Rome durant ces années-là.

Sachant que les Juifs ressentaient une aversion pour les images et représentations, Pilate fit défiler dans les rues de Jérusalem des images de César Tibère et les plaça dans l’antique palais d’Hérode le Grand. La pression du peuple les fit retirer. Pilate profana aussi le sanctuaire à plusieurs reprises et vola l’argent du Trésor du temple pour ses propres constructions. Comme la Galilée était le principal foyer des courants anti-romains, Pilate poursuivait avec plus de hargne les Galiléens, toujours soupçonnés de zélotisme.

5. En Palestine, il n’y avait que deux saisons dans l’année, l’été et l’hiver. On les désigne aussi par les temps chauds et les temps froids, les semailles ou les récoltes. Le mois de Kisleu correspond au neuvième mois de l’année, de la mi-novembre à la mi-décembre. Comme Jérusalem est une ville située dans le désert, la température baisse beaucoup en hiver, il n’est pas rare de voir la neige.

6. Dans la Tour Antonia, située près du temple et communiquant avec les lieux les plus sacrés du sanctuaire par des escaliers intérieurs, le tribunal ou le prétoire était le lieu où Pilat jugeait les accusés en rébellion contre Rome et ses lois. Les jugements n’avaient rien à voir avec les tribunaux actuels, pour le peu de justice qu’il y avait. Les sentences, qui dans le cas d’opposition à l’empire étaient toujours des sentences de mort, dépendaient uniquement de la volonté arbitraire du gouverneur.

7. Les profanations contre la religion des Juifs et la cruauté de Ponce Pilate déchaînèrent des mobilisations populaires de rejet et des actions violentes de la part des Zélotes, les mieux organisations pour ce genre de faits. La domination romaine généra de continuels mouvements de résistance en Israël, la province de l’empire la plus acharnée à s’en prendre au pouvoir romain. Le dernier soulèvement, vers la fin des années 60 après Jésus-Christ, s’acheva par la destruction de Jérusalem et provoqua le long exil juif, qui dure jusqu’à nos jours.

8. Plusieurs textes prophétiques et les lettres de Paul se réfèrent à l’idée du “Messie collectif” (Ezéchiel 37, 1-14 ; Isaïe 2, 3-5 ; 9, 2-4 ; Corinthiens 12, 1-29 et 13, 11). Depuis le prophète Michée (Michée 2, 12-13) la mentalité israélite s’ouvre à l’idée d’un messianisme des pauvres, dans lequel un “reste” du peuple d’Israël, captif à Babylone, est porteur des promesses messianiques du Royaume (Sophonie 3, 11-13). Jésus, fidèle à cette tradition, n’a jamais prétendu avoir le monopole de l’action messianique. Il s’est reconnu dans ce messianisme pauvre et non dans le messianisme triomphant qu’attendaient d’autres secteurs de la société de son temps.