3 – LES FEMMES SONT-ELLES INFERIEURES?

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Saint Paul, apôtre, qui a inventé le Christ et Marie Madeleine, qui a connu Jésus.

Jésus croyait aux femmes, il leur a donné une dignité. Et Paul les voulait soumise à leur père, à leur mari. La pensée de Paul est franchement patriarcale et machiste, presque misogyne.

Journaliste – Auditeurs de Radio Amérique Latine, nous voilà à nouveau avec vous et à nouveau avec nos deux invités en exclusivité. Aucune autre radio n’a réussi ce coup de force. Je veux parler de saint Paul, apôtre qui a écrit tant d’épitres…

Paul – Merci, merci pour cette nouvelle invitation.

Journaliste – … et Marie Madeleine, qui n’a peut-être pas eu le temps de les lire.

Marie – Eh bien non, à vrai dire. Je n’ai pas eu le temps… et je ne pouvais pas parce qu’on n’enseignait pas à lire aux femmes.

Journaliste – Pourquoi ?

Marie – Parce que, comme vous pouvez le deviner, une femme sans culture est plus facile à dominer.

Journaliste – Pas de culture, pas de pensée. Précisément, sur les femmes, dans une des lettres les plus connues, la première aux Corinthiens, saint Paul, vous avez écrit quelque chose, disons de déconcertant. Je demande à Magali de lire le passage…

Magali – Je veux qu’on sache ceci : la tête du Christ, c’est Dieu, la tête de l’homme, c’est le Christ et la tête de la femme, c’est l’homme. L’homme est l’image et le reflet de Dieu tandis que la femme est le reflet de l’homme. En effet, ce n’est pas l’homme qui vient de la femme, c’est la femme qui vient de l’homme.[1]

Marie – Vous avez écrit ça, don Pablo ?

Paul – Oui, j’ai écrit ça.

Marie – Mais, don Pablo, avec tout le respect que je vous dois, qui vous a mis au monde, vous ? Une femme, non ?

Paul – Oui, bien sûr, ma mère.

Marie – Et votre mère n’était pas la tête ? Ce sont des femmes sans tête qui donnent naissance à des esprits aussi brillants que vous, don Pablo ?

Paul – Ma chère Marie Madeleine, c’est écrit comme ça dans les Saintes Ecritures : C’est Adam qui a été le premier et d’Adam est née Eve.

Marie – Peu m’importe ! Que je sache, les hommes ne peuvent pas donner naissance, n’est-ce pas ?

Paul – C’est à partir d’une côte.

Marie – Alors comme ça, don Pablo, vous, un homme si instruit, vous venez avec vos vieilles écritures, et cette histoire de côte que Jésus n’a jamais mentionnée ?

Journaliste – Nous avons un appel… Allô, qui nous appelle et d’où ?

Une femme – Le nom et le lieu n’ont aucune importance. Je suis une femme. Je me suis sentie offensée par ce qu’a écrit ce monsieur Paul. Voulez-vous entendre d’autres perles qu’il a écrites ?

Journaliste – Oui, bien sûr, dites-moi d’où vous les sortez…

La femme – Première lettre à Timothée, au chapitre 2. Lisez, ça va vous étonner.

Journaliste – Voyons voir, Magali, vite, cherche ce texte…

Magali – Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’exercer une quelconque autorité sur l’homme. Qu’elle reste en silence. Parce qu’Adam a été formé le premier et Eve en second lieu. Malgré tout, la femme pourra être sauvée si elle donne naissance à des enfants.

Marie – Comment ça ? Vous avez enseigné ça aussi, don Pablo ? D’abord sans tête et maintenant comme des lapins ?

Paul – De quoi me parlez-vous avec ces histoires de lapins ? Je n’ai jamais parlé de ça…

Marie – Vous venez de dire que les femmes ne valent que si elles accouchent… comme des lapines, non ?… Seules les mères seront sauvées… Don Pablo… vous… vous n’êtes qu’un macho !

Paul – Allons, allons, plus de respect pour la parole de Dieu. Je n’ai écrit que ce qui est dans les Livres Saints. Ce n’est pas Adam qui a été trompé, c’est la femme qui, séduite par le démon, a commis le péché.

Marie – Et voilà encore l’histoire du serpent et de l’arbre !

Journaliste – Je vois que les téléphones de la Radio sont saturés… Allô ?

Un homme – Ecoutez, monsieur le journaliste, saint Paul a établi l’ordre naturel : Dieu, le Christ, l’homme, la femme, les enfants… La famille, la base de la société ! C’est la hiérarchie voulue par Dieu.

Journaliste – Et que pensait Jésus de la famille, Marie Madeleine ? Parce que, de nos jours, dans les familles, il y a tant de violence, de maltraitance, d’abus…

Marie – Bon, ça a toujours été comme ça… il y a des familles qui ne sont pas des familles. J’ai souvent vu ça à Magdala.

Journaliste – Et que pensait-il de sa famille ?

Marie – Jésus aimait beaucoup sa mère, ses frères et ses sœurs… Mais parfois, il a dû les affronter parce que, pour lui, la communauté était plus importante que la famille.

Journaliste – Quelle communauté ?

Marie – Celle que nous formions pour que les choses changent dans notre pays, pour que le Règne de Dieu arrive. Je me souviens d’un jour où il parlait à Capharnaüm. Je faisais déjà partie du groupe, du mouvement. Et sa famille était venue de Nazareth le chercher… Parce qu’ils l’écoutaient parler et disaient qu’il était fou. Ils voulaient l’arrêter… Oh, là là, ce qu’il s’est fâché avec sa mère, même s’il l’aimait beaucoup…

Jésus – Cette femme qui dit que ce que nous sommes en train de faire est une folie ne peut pas être ma mère. On se ressemble, oui, mais ça n’est pas possible… Ma mère ne s’est jamais prêtée à ces ragots. Ma mère a toujours été courageuse et m’a toujours parlé d’un Dieu qui aime voir tous ses enfants debout, le front haut. Elle m’a appris à être responsable, à ne pas me soucier du qu’en-dira-t-on. Cette femme n’est pas ma mère. Ceux-là non plus ne sont pas de ma famille. Je n’en reconnais aucun… Ma mère et mes frères, ma famille ce sont les autres, ceux qui luttent pour la justice et non vous qui venez vous opposer à cette lutte.

Journaliste – Magali, retrouve-t-on souvent ces faits dans les évangiles ?

Magali – L’affrontement de Jésus avec sa mère ?

Journaliste – Oui…

Magali – Eh bien, écoute, on voit ça dans l’évangile de Marc, dans celui de Luc et aussi dans celui de Matthieu…

Journaliste – Vous êtes toujours en ligne, ami auditeur ?

L’homme – Oui, je suis toujours là, j’écoute cette folle que vous avez invitée… je comprends maintenant… Cette émission est en train de répandre comme un venin, la pernicieuse idéologie du genre qui détruit la famille. Des femmes qui veulent vivre à égalité avec les hommes, des hommes qui veulent être des femmes ! Dieu leur pardonne.

Journaliste – Allons… Nous ne voulons rien répandre, mais confronter les opinions… Nous sommes en contact maintenant avec notre reporter Elena Martinez qui se trouve à México. Elle est à une noce dans une des si nombreuses églises de la capitale de México… Tu m’entends, Elena ?

Elena – Tout à fait, Jean-Louis. Et je laisse les micros ouverts pour que nos auditeurs écoutent les mots les plus solennels de ce rite…

Le prêtre – … et promets-tu de l’aimer et de le respecter, dorénavant, dans la prospérité, dans l’adversité, la richesse, dans la pauvreté, la maladie ou la bonne santé, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

La mariée – Oui, je le promets.

Le prêtre – Vous avez exprimé vos consentements devant la sainte mère l’Eglise. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.

Elena – On dit que ce sont les mots que Jésus a prononcés et qui parlent de l’insolubilité du mariage.

Marie – Pardon, qu’a dit cette demoiselle, qu’a dit Jésus d’après elle ?

Paul – Ce que j’ai dit, moi aussi. Que la femme ne se sépare pas de son mari. Ce n’est pas moi qui ai dit ça, c’est le Christ, Seigneur. Si, entre les époux, il y a de graves problèmes, qu’ils se réconcilient. C’est Dieu qui les a unis…

Marie – … que l’homme ne le sépare pas… l’homme !

Paul – Qu’avez-vous dit, Galiléenne, quel toupet !

Marie – L’homme. L’homme qui abuse. Jésus ne défendait pas le mariage mais les femmes. C’est ça qui me rendait malade, moi. Un mari autoritaire. Si le repas ne lui plaisait pas, il m’insultait. Si je ne faisais pas ce que lui voulait, il me répudiait.

Paul – La Loi de Moïse permettait au mari de répudier sa femme.

Marie – Eh bien, Jésus n’a pas tenu compte du tout de la Loi de Moïse. Il m’a dit : Sépare-toi de ce démon qui est chez toi. J’ai suivi son conseil et je suis partie. Et ce conseil de Jésus m’a guérie, m’a libérée.

Paul – Et les enfants, que fait-on des enfants ?

Marie – Grâce à Dieu, nous n’en avions encore aucun…

Paul – Et vous dites “grâce à Dieu” !… Mais les enfants sont une bénédiction de Dieu ! Malheureusement, Marie Madeleine, je comprends mieux votre pensée… elle est dangereuse. Comme je l’ai dit à Timothée, “bien qu’elle ait tenté l’homme et l’ait entraîné dans le péché, malgré tout, la femme pourra être sauvée en accomplissant son devoir de mère.”

Marie – Et revoilà la même chanson !… Alors les femmes qui ne sont pas mariées, les femmes stériles, celles qui n’ont pas pu accoucher ne seront pas sauvées ?

Paul – J’ai aussi écrit dans une autre lettre que, dans le Christ, il n’y a ni homme ni femme, nous ne faisons qu’un avec le Christ Jésus.

Marie – Ah bon ! Alors vous effacez du coude ce que vous écrivez de la main ?

Journaliste – Nous avons un autre appel… Allô ?

Castillo – Comment allez-vous, Jean-Louis ? Me voilà à nouveau dans votre programme qui met en lumière ce qui était caché sous le boisseau.

Journaliste – José María Castillo… C’est un plaisir de vous avoir à nouveau…

Paul – Ne me dites pas que c’est le même imposteur qui disait que c’était moi le problème ?

Journaliste – Ne vous fâchez pas, Paul, voyons quel commentaire va faire ce théologien reconnu…

Castillo – Le contraste est énorme entre les attitudes de Jésus envers les femmes et celles de Paul.

Journaliste – En quoi remarquez-vous ce contraste, Castillo ?

Castillo – Partout. Jésus a parlé aux femmes et Paul leur dit de se taire. Jésus faisait confiance aux femmes, il leur rendait leur dignité. Paul aurait voulu qu’elles soient soumises au père, au mari. Votre pensée, Paul, est franchement patriarcale, machiste, presque misogyne.

Paul – Je ne vais pas supporter longtemps tant d’insolences contre moi et mon autorité ! Cet homme est un antéchrist. Il vaut mieux que je m’en aille. Voilà, je m’en vais !

Journaliste – Mais, Paul, encore… Comment ça, vous allez partir ?

Marie – Don Pablo, pourquoi ne vous appliquez-vous pas à vous-même ce que vous dites sur les femmes ? Gardez le silence.

Journaliste – Chers amis et tout spécialement vous, les femmes, nous voilà à la fin de l’émission. Qu’en pensez-vous ? Pensez-vous que nous répandons l’idéologie du genre dans ces débats ? Nous vous rappelons que nous sommes sur les réseaux sociaux. Et sur le web où vous pouvez nous écouter : www.emisoraslatinas.net. Et souvenez-vous que qui se pose des questions réfléchit ; qui n’a que des réponses, obéit. C’était Jean-Louis qui était avec vous.

[1] 1 Cor. 11, 3, 8.