18 – PAR QUI A ETE FONDE LE CHRISTIANISME ?

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Journaliste – Chers amis de Radio Amérique Latine, nous voici à nouveau de retour… Nous sommes heureux d’apprendre que vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre sur les réseaux sociaux et à écouter nos différentes émissions… Bienvenue encore à nos invités, l’apôtre Paul et Marie Madeleine…

Paul et Marie – Merci de nous inviter…

Journaliste – Dans notre programme précédent, nous avons parlé de la résurrection de Jésus-Christ, opposant deux points de vue, celui de saint Paul et celui de Marie Madeleine… Vous nous disiez en terminant, Marie Madeleine, que tout avait commencé en Galilée et, que depuis la résurrection, cela devait continuer à Jérusalem… Que voulait dire le ‘cela’ devait continuer ?

Marie – Bon, c’est le chemin que Jésus avait commencé, le mouvement auquel Jésus nous a appelés pour faire accélérer la venue du Royaume de Dieu. Ce que nous devions continuer à faire pour que Jésus puisse être vivant en nous.

Journaliste – Eh bien, c’est ni plus ni moins le sujet du débat d’aujourd’hui… Qui a inventé la religion chrétienne, qui a fondé l’église ? Comment est né le christianisme, une des religions qui a le plus grand nombre de croyants sur la planète, la religion la plus puissante en Occident ? Elena Martinez est en ce moment en plein cœur de Guayaquil, Equateur, pour faire une enquête sur ce sujet… C’est à vous, Elena !

Elena – Merci, Jean-Louis, je suis dans les rues de cette grande ville et… Madame, madame… Savez-vous qui a fondé le christianisme ?

Une femme – Qui voulez-vous que ce soit ? Le Christ ! Le Christ est le premier chrétien, non ?

Elena – Monsieur, une question… Croyez-vous que Jésus-Christ a fondé une nouvelle religion ?

L’homme – Bien sûr, le catholicisme ! C’est l’unique et vraie religion !

Elena – Mademoiselle, qui a fondé l’église ?

La jeune fille – Je ne sais pas trop… Le Père… ? A moins que ce soit le Fils ou l’Esprit-Saint… En tout cas, un des trois…

Elena – Comme tu vois, Jean-Louis, les réponses sont un peu confuses, mais au moins, une certitude, quelqu’un a bien fondé quelque chose… Je te passe le relais !

Journaliste – Merci, Elena… Marie Madeleine, vous qui connaissiez Jésus de près, que dites-vous ? Jésus avait-il l’intention de fonder une nouvelle religion ?

Marie – Une nouvelle religion ? Non, pas du tout ! Tous ceux qui ont fait partie du mouvement de Jésus étaient juifs. Mais Jésus n’accomplissait pas toutes les rubriques de notre religion.

Paul – Que veux-tu dire par là, Galiléenne ?

Marie – Vous avez bien entendu, don Pablo. Jésus n’a jamais payé la dîme, il ne respectait pas le sabbat, ne faisait aucune des purifications, parlait seul à seul avec les femmes… Il allait même jusqu’à toucher les lépreux !

Journaliste – Et les prières ?

Marie – Il ne priait pas dans la synagogue. Il allait sur la montagne et là il parlait à Dieu, son Père… C’est pour cela qu’on l’a accusé de blasphème… Ce sont les prêtres qui ont tué Jésus, les autorités religieuses !

Journaliste – C’est une affirmation un peu forte, Marie Madeleine, mais on a déjà entendu cela à deux reprises…

Paul – Je suis heureux de voir que c’est vous qui rappelez cette femme à l’ordre et non moi.

Journaliste – Alors, Marie Madeleine, vous considérez que Jésus-Christ n’était pas un homme religieux ?

Marie – Religieux ? Si, bien sûr, mais… non, je dis plutôt que non, c’était un homme spirituel… Spirituel, oui, cela correspond mieux à ce que nous voyions en lui…

Paul – Mais, comment osez-vous dire que Jésus était un homme sans religion !

Marie – Pas un homme sans religion, mais confronté à la religion que nous connaissions… Spirituel, oui… Jésus était quelqu’un proche de Dieu.

Paul – Vous aimez vraiment embrouiller les affaires, Marie Madeleine…

Marie – Et vous, vous parlez de Jésus sans l’avoir connu, don Pablo. Quelle était la religion dans laquelle nous avions été élevés, hein ? Des sacrifices, des jeûnes, des interdictions. Jésus rejetait tout cela. Il parlait de miséricorde et de justice. Sa religion, c’était que les gens ne souffrent plus… Et quand il nous parlait de l’Esprit, son visage s’illuminait… Je me souviens d’une fois, à Jérusalem, à la fête des Tentes…

Jésus – Mes amis… Je vous apporte une bonne nouvelle : la lumière du monde ! La nouveauté c’est que Dieu, notre Père, nous offre son Royaume à nous, les gens d’en bas ! Dieu est lumière et son Esprit est un flambeau qui vient mettre le feu sur la terre, oui, un feu qui prendra aux quatre coins de la terre, qui brûlera dans son creuset toutes les scories et sera une lumière dans un monde sans pauvres ni riches, sans seigneurs ni esclaves, un ciel nouveau et une terre nouvelle où la justice sera reine !

Journaliste – Alors, Marie Madeleine, si Jésus-Christ n’a fondé aucune religion… a-t-il fondé une église, plusieurs églises ?

Marie – Il n’a jamais utilisé ce mot “église”. Il a toujours parlé de “communauté”… Qu’est-ce qu’une église ? Je ne sais pas… Dites-moi, don Pablo, pourquoi ai-je entendu que vous écriviez des lettres aux églises si moi je ne connais ni ces lettes ni ces églises…

Paul – Les églises étaient des assemblées de fidèles. Elles croyaient en Jésus-Christ, fils unique de Dieu. On baptisait en son nom, on se réunissait pour louer Dieu et chanter des psaumes, faire des offrandes et des prières, écouter l’orientation de l’évêque ou du presbyte…

Journaliste – Apôtre Paul, tout ce que vous décrivez là résonne comme une religion nouvelle, le christianisme peut-être… C’étaient des églises chrétiennes avec une hiérarchie et des rites. Un nouveau dieu qui était Jésus-Christ… N’est-ce pas ?

Paul – Oui, disons ça comme ça. J’ai fondé ces églises chez les païens. Dans ces églises, on écoutait ma parole et on se rassemblait au nom du Christ Seigneur. C’est à Antioche qu’on a commencé à parler de “chrétiens”. A Jérusalem, il y avait plusieurs groupes, je ne les ai pas bien connus mais j’ai su qu’ils restaient attachés au judaïsme…

Marie – Non, attachés à Jésus et au Royaume de Dieu. Un de ces groupes, don Pablo, était le groupe des femmes qui l’avaient bien connu et accompagné depuis la Galilée. Marie, la mère de Jésus, notre guide… Je me souviens que beaucoup venaient la voir et lui parlaient de Jésus comme d’un personnage divin… elle les corrigeait, les remettait sur le droit chemin…

Marie, Mère – Non, ne dites pas ça, n’enseignez pas ça comme ça… Nous sommes tous enfants de Dieu. Le message de mon fils Jésus, c’est le Royaume de Dieu. C’est ce message de justice que mon fils voulait que nous honorions, non sa personne.

Journaliste – Nous avons un appel… C’est à nouveau Lesley Hazleton, écrivaine juive… Allez-y, chère amie, si vous me permettez !

Lesley – Bien sûr, bien sûr… Je veux appuyer ce que dit Marie Madeleine. Dans les premières années du mouvement de Jésus, ses partisans ne voyaient pas un dieu en lui. Parce que Jésus ne prêchait pas pour lui, il prêchait le Royaume de Dieu. Jésus n’a pas pensé une nouvelle religion. Il pensait une rénovation spirituelle du judaïsme et une éthique de relations vraiment humaines. Comme on dit maintenant, un monde où tout le monde a sa place… tous et toutes.

Journaliste – Et pourquoi ce courant n’est pas arrivé jusqu’à nous ?

Lesley – Ce courant s’est tari en 70. Marie n’était plus là, Madeleine non plus… C’est cette année-là que les Romains ont détruit Jérusalem, le pays qui a connu Jésus et les communautés qui avaient connu Jésus ont disparu. Des milliers de morts, des milliers de Juifs dispersés dans le monde entier, exilés, exil qui a duré deux mille ans… Alors, Paul a fondé les églises chrétiennes dans tout l’empire romain. Paul a changé le prophète de Galilée en Christ, un être divin, cela exigeait une nouvelle religion, un nouveau culte, une hiérarchie.

Journaliste – Merci, Lesley Hazleton…

Marie – Ce qu’elle raconte là, je ne l’ai pas vu… je ne le savais pas…

Journaliste – Nous avons un autre appel… Allô ?

Un prêtre – C’est le père Heriberto de la paroisse de la Sainte Croix. Je suis surpris que, dans ce débat, on ait occulté le mot fondamental, le mot fondateur de l’église. Même l’apôtre Paul ne l’a pas mentionné.

Paul – Je ne sais pas à quel mot vous faites allusion, mon ami, qui parlez dans cet appareil…

Le prêtre – Ami, non. Prêtre. Vous, apôtre Paul, vous allez être le premier à confirmer les paroles dites par Jésus-Christ à Simon Pierre : “Tu es Pierre et, sur cette pierre, je bâtirai mon église. Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donne les clés du royaume des cieux”.

Paul – Bon, je n’ai jamais entendu ces paroles, mais si vous dites qu’elles sont de Jésus-Christ…

Le prêtre – Evangile selon saint Marc, chapitre 16, verset 18.

Journaliste – Que dites-vous de cela, Marie Madeleine ?

Marie – Moi non plus, je n’ai jamais entendu cela et n’ai jamais vu Pierre avec un porte-clés, mais…

Journaliste – Nous avons un autre appel… Allô ?

Pepe Rodriguez – Allô… Je suis Pepe Rodriguez, chercheur, spécialiste en religions et sectes.

Journaliste – Très intéressant… Bienvenue, Pepe… Qu’en pensez-vous ?

Pepe Rodriguez – Je suis en train d’écouter l’émission et je veux préciser au père Heriberto que Jésus n’a jamais dit ces paroles.

Journaliste – Il n’a jamais dit : “Tu es Pierre et, sur cette pierre…” ?

Pepe Rodriguez – Non. C’est un texte incorrect qui a été ajouté postérieurement. Il a été introduit quatre siècles plus tard pour situer l’église de Rome au-dessus de toutes les autres églises chrétiennes. Posez la question à n’importe quel théologien sérieux, il vous confirmera cette information. Merci.

Journaliste – Non, merci à vous, Pepe Rodriguez… Père Heriberto, êtes-vous toujours en ligne ?… Allô ?… On dirait qu’il a raccroché… Alors, Jésus-Christ n’a pas fondé de religion ni d’église…

Paul – Permettez-moi de contester ce que vient de dire cet auteur qui s’appelle Pepe ?

Journaliste – Brièvement car le temps passe…

Paul – Je serai bref et direct. S’il y avait quelques confusions dans les rues où se trouve la petite Elena qui posait des questions, ce monsieur a tout confondu. Que Jésus-Christ lui pardonne et pardonne aussi à ceux qui organisent ces débats franchement hérétiques.

Journaliste – Bon, Paul, si Dieu est comme le dit Marie Madeleine… Il nous a sûrement pardonné. A la prochaine ! Vous pouvez nous retrouver sur le web et sur les réseaux sociaux www.emisoraslatinas.net. Et souvenez-vous que qui se pose des questions réfléchit ; qui n’a que des réponses, obéit. C’était Jean-Louis.