9 – LES HOMOSEXUELS SERONT-ILS SAUVES ?

Radioclip en texto sin audio grabado.

Journaliste – Chers amis. Les débats proposés par Radio Amérique Latine provoquent plus de polémiques que prévu. Ecoutez le brouhaha survenu il y a quelques jours dans une église pentecôtiste dans les faubourgs de la ville de Panama… Les uns disent que nous offensons saint Paul, le grand apôtre, d’autres crient que c’est un macho… On dit que Marie Madeleine, qui est avec nous dans les studios, est une dévergondée.

Marie – Quoi qu’ils disent, Dieu seul est juge.

Journaliste – Les auditrices sont plus calmes parce que, dans une émission antérieure, Paul a changé d’opinion sur l’ordre qui leur demandait de se taire dans les églises. D’après ce qu’on a entendu, il ne pense plus comme ça. Mais il y a d’autres secteurs sociaux qui ont encore de graves accusations contre vous, Paul. Bienvenue une fois de plus à Radio Amérique Latine.

Paul – Merci, merci. Mais dites-moi, qui sont ces accusateurs ?

Journaliste – Il y a de tout.

Paul – Par exemple ?

Journaliste – La communauté LGBTIQ.

Paul – Excusez-moi, monsieur le journaliste, mais je ne comprends toujours pas.

Journaliste – Gays, lesbiennes, bisexuels, transsexuels, intersexuels, queer…

Paul – Vous voulez parler de sodomites. De mon temps, on les appelait “rakas”.

Journaliste – Disons homosexuels pour bien nous comprendre. Et vous, d’après ce que j’ai lu, vous avez été très dur avec eux.

Paul – Avec eux et elles. J’ai été comme il faut. La sodomie est un péché gravissime, un des pires. Le péché indigne.

Marie – Vous allez maintenant vous en prendre à ces frères qui ne font de mal à personne ? Mais, Paul, qui êtes-vous pour les juger ?

Paul – Moi non. Dieu.

Journaliste – Certains scientifiques affirment que l’orientation sexuelle est génétique, de naissance, que ça dépend du développement hormonal… D’autres, qu’il s’agit d’un choix libre, personnel. D’autres que…

Paul – Vous vous trompez, mon ami. Cette perversion est le fruit du péché. Pour avoir nié et désobéi à Dieu, Dieu les a renvoyés à leurs passions les plus honteuses.

Marie – Eh bien, moi, j’avais une amie à Magdala, très honorable, très bonne. Elle faisait partie du groupe. Elle aussi a rejoint le mouvement de Jésus.

Journaliste – Voyons. On m’informe que dans six de vos lettres, apôtre Paul, vous parlez contre les homosexuels. Je vais demander à Magali de nous lire quelques paragraphes…

Magali – Dans la lettre aux Romains, Paul parle des hommes qui se sont laissés entraîner d’homme à homme. Et des femmes qui ont délaissé l’usage naturel pour des relations contre nature.[1]

Marie – Ah, ah ! Vous avez condamné aussi les femmes…

Magali – Et dans la première lettre aux Corinthiens, vous écrivez : Ne vous y trompez pas, ni les fornicateurs, ni les adultères, ni les efféminés, ni ceux qui couchent avec d’autres hommes… (la liste est longue de ces pécheurs) … aucun de ces gens-là n’hériteront du Royaume de Dieu.

Journaliste – On pourrait vous accuser d’homophobie, apôtre Paul ?

Paul – Ce mot n’existait pas de mon temps. Mais comme je connais le grec, je sais que ça signifie le rejet des homosexuels.

Journaliste – Vous les rejetez ?

Paul – Bien sûr que je les rejette. Eux et elles… Ils n’entreront pas dans le royaume. Parole de Dieu.

Marie – Parole de Paul. Parole de vous, Paul, qui avez été pharisien et apparemment, continuez à l’être…

Paul – Mais, impertinente, tu n’as donc pas lu… ?

Journaliste – Un instant, un instant… Laissons là nos discussions, nous y reviendrons après un appel… Allô ? Bonjour mon ami.

Un homme – Pas un si bon jour que ça…

Journaliste – Pourquoi dites-vous ça ? Que pensez-vous de notre débat ?

L’homme – Il me semble qu’il nous faut lire la Bible. Que dit la Bible dans le Livre du Lévitique, au chapitre 20 verset 13 ? Elle dit très clairement : Si un homme couche avec un autre homme, c’est une abomination. Tous les deux seront exécutés.

Journaliste – Vous dites qu’il faut les tuer ?

L’homme – Dieu le dit. Tuez-les. L’un et l’autre. Qu’a fait Dieu avec ces pervers de Sodome et Gomorrhe ? Il a envoyé feu et soufre !

Journaliste – Vous approuvez cela, Paul, tuer les homosexuels ?

Paul – Je n’ai pas dit qu’il fallait les tuer mais qu’ils n’entreront pas dans le Royaume.

Marie – Mais êtes-vous le concierge du ciel ? Qui êtes-vous pour dire ça ?

Paul – Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Seigneur Jésus.

Marie – Non, non, ne mêlez pas Jésus à cela. Car Jésus n’a jamais dit un mot sur ces frères-là. Pas un mot, pas le moindre mot. J’ai toujours été à ses côtés, je ne l’ai jamais entendu dire quelque chose contre eux…

Journaliste – Ni contre elles ?

Marie – Ni contre elles. Et, pensez qu’en Galilée, il y en avait pas mal, je vous assure. Mais Jésus n’était pas gêné par ça. Il ne filtrait pas le moucheron.

Paul – Le moucheron ? Vous appelez moucheron un péché contre nature ?

Marie – Quoi ? Quel péché contre nature ?

Paul – La nature dit : “Croissez et multipliez-vous”.

Journaliste – Croître, oui, ils croissent puisque nous sommes de plus en plus… Mais, pas se multiplier !

Paul – Je ne trouve pas ça drôle, monsieur le journaliste.

Journaliste – Excusez-moi, excusez-moi… Notre reporter Elena Martinez est à Sao Paulo, au Brésil, avec une note intéressante… Allez-y, Elena…

Elena – Depuis Sao Paulo, la ville qui honore de son nom, saint Paul, notre invité. Je dois vous informer qu’ici on fête au mois de juin la marche de la Gay Pride, la plus importante du continent. Ce sont des millions de personnes qui chantent, dansent et affirment leur orientation sexuelle différente. Ce sont des milliers de personnes qui les accompagnent. Vous entendez les fanfares qui se préparent ?… A vous les studios !

Journaliste – Merci Elena. Ecoutez, apôtre Paul, la biologie moderne nous apprend que, dans toutes les espèces animales, il y a un fort pourcentage d’homosexualité…

Paul – C’est ça même, chez les animaux…

Journaliste – Non, dans l’espèce humaine, ça arrive aussi. Et beaucoup se demandent : Si Dieu a créé la Nature, et que, dans toute la Nature, il y a de l’homosexualité, comment peut être antinaturel ce que la Nature crée, elle qui vient de Dieu ? Ça a l’air d’un charabia, mais enfin…

Paul – ça me paraît surtout une ânerie.

Journaliste – Un autre message écrit m’arrive d’un auditeur qui dit : Vous, Paul, dans une de vos lettres encore, vous avez dit que c’était “contre nature” que les hommes se laissent pousser les cheveux et que les femmes les coupent.

Marie – Vous avez écrit ça, don Pablo ?

Paul – Oui, j’ai dit que c’était une honte qu’un homme porte des cheveux longs. Je l’ai dit et je le crois. Les cheveux de la femme servent de voile. Mais pour l’homme, c’est une honte.

Marie – Eh bien, Jésus portait les cheveux longs… Et ça me plaisait beaucoup comme ça… Etait-ce contre nature, don Pablo ?

Paul – N’exagérez pas, tentatrice… En plus, les cheveux n’ont aucune importance. Passons sur les cheveux. Mais, les sodomites, les “rakas” sont des terres stériles. Ils ne mettront pas d’enfants au monde. Le mariage, c’est pour avoir des enfants, oui ou non ?

Marie – Hummm… On peut aussi dire que c’est pour être accompagné… Non ?

Paul – Tu me désespères, Galiléenne…

Marie – Ecoutez, don Pablo. Je vais vous dire une chose que peu de gens savent. Une fois, à Capharnaüm, un centurion romain est allé chercher Jésus parce que son domestique était malade. Jésus était en route pour aller le voir. Mais, le centurion l’arrêta : Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres chez moi, mais dis seulement une parole et mon domestique sera guéri.

Paul – Très bien, mais quel rapport avec notre sujet de débat ?

Marie – C’est que dans le quartier beaucoup de gens murmurait, ils savaient que le malade n’était pas son “domestique”…

Paul – C’était quoi alors ?

Marie – C’était son compagnon. Et Jésus non seulement l’a guéri, mais il a même dit : Dans tout Israël, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ait une foi aussi grande que celle de ce centurion romain… Voyez, don Pablo, tant de foi chez un sodomite.

Journaliste – Voyons qui nous appelle maintenant… Allô ?

Ariel – Bonjour… Je m’appelle Ariel Alvarez, docteur en théologie biblique.

Journaliste – Enchanté, docteur Ariel.

Ariel – J’appelle pour vous dire que Marie Madeleine sait bien ce qu’elle raconte. Les traducteurs des évangiles ont mis “domestique, serviteur”, mais le mot grec “pais” veut dire autre chose.

Journaliste – Qu’est-ce que ça signifie, docteur ?

Ariel – ça signifie “amoureux, amant, favori”. Les relations homosexuelles étaient très fréquentes chez les Romains. Jésus devait le savoir. Mais il ne le reprend pas, ne le rejette pas.

Journaliste – C’est peut-être pour cela que le centurion qui connaissait le rejet de l’homosexualité par les Juifs a dit à Jésus-Christ de ne pas entrer chez lui, non ?

Ariel – Très probablement. Mais une autre chose importante. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a interdit de se moquer des homosexuels. Il a dit : “Tous ceux qui diront “raka” à leur frère, seront condamnés par le Sanhédrin.

Journaliste – Raka ?…

Ariel – Oui, “raka”, délicat, efféminé… Par ces mots, on méprisait les homosexuels du temps de Jésus. Paul le sait bien, il a lui-même utilisé ce mot auparavant.

Journaliste – Alors, ce que Jésus a dit c’est que…

Ariel – Tous ceux qui diront “pédé” à leur frère, seront condamnés.

Marie – Attention, don Pablo…

Ariel – Je voudrais dire quelque chose d’autre à Paul. A la différence de Jésus, vos mots, Paul, ont manqué de tolérance, ils ont un côté fanatique contre les homosexuels. L’église a hérité de ce fanatisme, de la même intolérance. Durant des siècles, les tribunaux de l’Inquisition ont poursuivi les homosexuels, les ont castrés, les ont torturés, les ont lapidés ou brûlés sur des bûchers. Vos paroles, Paul, ont été utilisées pour commettre ces crimes.

Paul – Et où voulez-vous en venir ?

Ariel – Je crois que c’est vous qui allez devoir frapper à la porte du Royaume de Dieu pour savoir si on vous laisse entrer.

Paul – Quelle insolence ! Ah non, je ne vais pas supporter cela plus longtemps… Je pars…

Journaliste – Non, non, ne partez pas, Paul. Nous avons encore beaucoup d’autres débats. Patience dans l’adversité, c’est vous qui prêchiez cela, non ? Mais, le temps est épuisé…

Marie – Attendez, Jean-Louis, attendez. Je veux dire une chose. J’ai toujours entendu Jésus dire ça : Dans la maison de Dieu, il y a beaucoup de demeures. Il y a une place pour tout le monde, pour ceux qui étaient rejetés par la Loi de Moïse, par les hommes qui sont avec les hommes et les femmes avec les femmes. Dieu est amour, non ? S’ils s’aiment, Dieu est à leur côté. Si elles s’aiment, Dieu est à leur côté.

Journaliste – Merci, Marie Madeleine. Merci, apôtre Paul. Nous arrivons ainsi à la fin de notre émission. Ne ratez pas les prochains débats qui seront comme toujours, bien brûlants. Vous pouvez nous retrouver sur le web et sur les réseaux sociaux www.emisoraslatinas.net. Et souvenez-vous que qui se pose des questions réfléchit ; qui n’a que des réponses, obéit. C’était Jean-Louis qui était avec vous.

[1] Romains 1, 27.